mai 4, 2024
Bamako,Mali
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Dialogue inter-maliens : Le « peuple » pour décider en faveur des dirigeants ?

Les autorités de Transition voudront-elles décider comme  si cela émane du peuple ? Cela peut découler d’une assemblée délibérante, comme le dialogue inter-Maliens.

Parmi les décisions importantes qui ressortent des premières phases du dialogue inter-Maliens, il y a une nouvelle prolongation de la Transition et l’appel à la candidature du chef de l’Etat…

Le dialogue inter-Maliens, annoncé par les autorités de la Transition, vient de démarrer par l’étape communale et se poursuit avec la phase régionale.. Cette énième initiative  vient s’ajouter à un lot de concertations nationales dont des recommandations sont en attente d’exécution. Ce nouveau dialogue, qui divise  les acteurs quant à sa réussite et son caractère d’inclusivité amène à s’interroger sur la nouveauté qu’il pourrait avoir.

En effet, le samedi dernier 13 avril 2024,  la phase communale du dialogue a débuté à l’intérieur du pays et dans le district de Bamako. Elle a commencé au moment où plusieurs acteurs importants pour sa réussite comme ceux du processus de paix au nord et au centre, des responsables des partis politiques, des exilés politiques se sentent exclus pour d’évidentes raisons.

Parlant de ce dialogue, le président de la Transition dit l’avoir initié pour donner « l’alternative au retrait de la Minusma, devenue encombrante dans sa mission d’accompagnement des autorités de l’Etat à restaurer la paix, à réduire l’emprise terroriste, et aider au retour de l’ordre constitutionnel ». Et ce retour à la normalité constitutionnelle passe par la tenue d’élections libres et transparentes. Et, des millions de Maliens, partisans du chef de la Transition, souhaitent le voir candidat à l’élection présidentielle. Certains de ces Maliens n’hésitent pas à glisser dans les recommandations de ce dialogue, l’appel à la candidature du Col Assimi Goïta.

Or, pour peaufiner cette candidature, il faut des préalables, dont des mesures relatives à des modifications des textes. Ce qui conduit forcément à une nouvelle prolongation de la Transition. Celle-ci aussi figure déjà dans des recommandations du dialogue au niveau communal. Comme quoi, « qui veut aller loin ménage sa monture »

Par ailleurs, ce dialogue vise aussi à combler le vide laissé par l’absence de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, qui était sous la médiation internationale dirigée par l’Algérie.  C’est pourquoi, lors de son adresse de nouvel an 2024, le Colonel Assimi Goïta parlait en ces termes au sujet de ce dialogue «   Concernant le processus de paix, je privilégie désormais une appropriation nationale en donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-maliens pour la paix et la réconciliation ». Selon lui, ce dialogue devrait éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires.  Et ce processus fera que le chef de la Transition devient la nouvelle cheville ouvrière des efforts pour la paix durable et la réconciliation au Mali. Ce qui lui donnera une sorte de légitimité pouvant le préparer à s’offrir comme alternative crédible pour l’élection présidentielle.  

En outre, dans ce contexte, l’on comprend facilement que l’implication de tous les Maliens sans exception est capitale pour la réussite de ce dialogue. Pourtant, déjà dans les faits, le contraire semble se faire sentir, car, ce dialogue se dirige vers des discussions inter-maliennes peu inclusives, qui ne se distinguent pas des autres dialogues nationaux. Il s’agit des concertations nationales, les Assises nationales de la refondation (ANR) et le Dialogue national inclusif (DNI) du régime IBK, sans oublier la conférence d’entente nationale.

Ce processus de dialogue, n’a pas pu enregistrer la participation souhaitée des acteurs du processus de paix au nord et au centre et ni leurs représentants. Il s’agit de Iyad Ag Ghaly, le chef du GSIM et son allié Amadou Koufa tous poursuivis par la justice malienne.  Iyag Ag Ghaly, chef au Mali du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadistes affiliée à Al-Qaïda, figure avec le prédicateur peul Amadou Barry alias Amadou Koufa, chef de la Katiba Macina, appartenant à la même mouvance, sur la liste des jihadistes cités dans ledit dossier. Ces deux ne pouvaient pas participer directement aux discussions, mais il était clair que cela ne pourrait pas aboutir sans les deux. Donc, il était judicieux pour nos autorités de trouver une solution afin de les associer à cette discussion, dont l’un des thèmes porte sur « la paix et la réconciliation nationale». Idem pour les chefs de la rébellion Kidalois qui sont exilés en Algérie.

S’y ajoute que ces assises entre Maliens se tiennent au moment où le gouvernement décrète le gel des activités politiques dans le pays. Ce qui pourrait favoriser aussi les dynamiques de soutien à l’éventuelle candidature du président de la Transition. Et cette suspension pourrait se transformer en dissolution des partis politiques et regroupements politiques, comme l’une des recommandations de ce dialogue. Sur un autre plan, si ce dialogue inter-Maliens voulait se différencier des autres concertations nationales, il devait prôner l’inclusivité en accueillant les anciens cadres du régime défunt, exilés dans les pays voisins, sans pour autant se subtiliser à la justice.

Eu égard à tous ces manquements et défaillances dans le processus, on se demande ce qui pourrait être la nouveauté de ce dialogue, dont l’ultime objectif est de restaurer la paix et la réconciliation entre tous les Maliens sans exception. 

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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